Le fameux label World Circuit dirigé par Nick Gold réédite quelques uns de ses trésors, qui rappellent son long et fructueux compagnonnage avec les musiques africaines.
Certes, le célèbre label aura engrangé toutes les palmes et les honneurs possibles avec les disques du Buena Vista Social Club et ses solistes (Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo, Don Ruben Gonzalez ou encore Eliades Ochoa), mais il a été aussi l’ouvreur de chemins occidentaux pour tout un nombre d’artistes africains. Parmi eux, il faut compter sur l’excellent Cheikh Ndiguel Lô et le monumental Ali Farka Touré.
Word Circuit réédite deux de leurs meilleurs albums.
Cheikh Lo, Ne la Thiass (1995)
Ce troisième disque d’un chanteur hors norme, qui a fait ses premières armes de batteur au sein du Volta Jazz à Bobo Dioulasso, a été produit par Youssou Ndour alors au sommet de sa gloire de chanteur, et en pleine ascension dans sa carrière d’hommes d’affaires et de médias. Ce dernier intervient d’ailleurs dans deux des titres du disque (Set et Guiss Guiss), où déjà s’affirme la voix singulière de Cheikh Lo, et sa manière d’hériter du mbalakh et de l’afro-cubain en les emmenant vers des destinations très lointaines.
Sur ce disque désormais mythique figurent notamment la chanson qui a donné son nom au disque, Né la Thiass, mais aussi Ndogal et son groove terrible, ou encore le doux et méditatif Guiss Guiss. Paru au Sénégal en 1995 sur cassette, le mix qui a avait été fait par Word Cirtcuit pour la parution occidentale était légèrement différent. Pour cette réédition, le label a choisi de reprendre le mix de la cassette sénégalaise, inédite hors d’Afrique de l’Ouest.
Ali Farka Touré, The Source (1992)
L’un des plus beaux albums du maître et du maire de Niafunké, déjà très connu au Mali et dans les pays voisins, mais qui aura explosé à l’international au cours de ses années World Circuit. Ali y gagnera plus tard deux Grammy Awards.
The source est sans aucun doute l’un de ses plus beaux disques, quand sa guitare charie avec elle, comme le fleuve Niger, les histoires et les rumeurs du monde, les joies et les peines quotidiennes, enveloppant des chœurs qui prennent sur ce disque des airs sacrés. Comme si le disque tout entier était une cérémonie orchestrée par Ali Farka Touré. C’est d’ailleurs en petit comité, avec ses musiciens les plus fidèles (tels Afel Bokoum au chant, Hamma Sankare à la calebasse et Oumar Touré aux congas) que The Source a été enregistré. Avec le passage d’amis invités, comem Taj Mahal qui intervient sur deux morceaux, et Nitin Sawney qui joue des tablas sur un autre.
A écouter, à réécouter… sans se fatiguer.